(For Charley Patton)

Publié le par almost-friendless-too

Le déluge a déroulé sa crête électrique pour mettre un terme au tumulte.

La montagne aux froides parois de vent, vacillant comme une vague sur elle-même fondait sur les visages hâves, fendait leurs sourires éteints en deux. Les carcasses couraient de par les rues, on se battait pour  un parapluie, une serviette de plage, une bougie, un canot de sauvetage – mais personne ne pensait aux rames. Quand ils s’abritèrent, la grêle bleuâtre traversa les toits, rompant les clameurs : les voix se turent, le silence monta avec les eaux usées jusqu’au ciel. Puis la montagne décida de se retirer, sac d’âmes au dos dans son morne coin d’espace, et les bancs de sable qui recouvraient toute vie exhalèrent un parfum âpre. Par l’odeur  de moelle humide alléchés, d’autres vinrent, cohortes entières, colonies toutes fraîches, semer leurs graines opportunes.

Bon sang - Il les voyait de loin, il ne pouvait y croire, au sec dans son tonneau juché sur la colline – le labour, les baraquements retapés, la germination nouvelle. La sueur indifférente saturait l’azur.

Les petits nuages eurent tôt fait de grossir, bien mignons et floconneux au début. Il inspecta son tonneau et repassa – c’était plus sage – une couche de goudron dessus.

 

 

For Charley Patton

 

Blindboy

Publié dans Eaux boueuses

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